Toponymes Meljacois
Toponymes Meljacois
Quelle est l’origine des noms des hameaux et autres lieux-dits de notre village ?
Telle est la question à laquelle nous nous efforcerons de répondre dans cet « essai de toponymie meljacoise » de la même manière que nous avons tenté de le faire dans le chapitre « Patronymes meljacois ».
C’est que, en effet, les noms de lieux - toponymes -, ne sont pas non plus nés du hasard, d’un assemblage fortuit de syllabes mais, de la même façon que les noms de personnes – patronymes -, ils ont une origine, une signification, une raison d’être.
Nous procéderons en deux temps. Dans un premier temps nous traiterons des noms des hameaux tels qu’ils figurent sur les cartes pour la commune de Meljac élargie au sens de paroisse : nous en avons rassemblé 30 :
MELJAC – CABROL – GINTOU – GRASCAZES - LA BARAQUE DE MARCILLAC - LA BESSIERE - LA BORIE - LA LAURENTIE - LA PIERRE BLANCHE - LA TAPIE - LA TINE - LA TOURENIE – LA TREILLIE - LE BATUT - LE BOUYSSOU - LE CAP FOURQUET- LE CLOT - LE CLUZEL – LE FERALDESQ - LE MARTINESQ - LE MAS RICARD - LE POUGET - LE PUECH ISSALY – LE PUECH NAU - LE RIAL - LE VERGNAS - LES CARRALS -LES COMBETS – SOULAGES - SUBRIGUE.
Nous partirons ensuite à la recherche d’autres noms de lieux qui, le plus souvent, ne figurent pas sur les cartes en rentrant dans le détail de chacune des sections du relevé cadastral de la commune : nous en avons rassemblé, dans cet exercice de « microtoponymie », 60.
30 hameaux Meljacois
MELJAC :
« A tout seigneur tout honneur », on commencera donc par rappeler le sens du nom de notre village.
Le suffixe « acos », qui a abouti à «ac », est d’origine gauloise. On l’a ajouté, à partir du IIème siècle après J.-C. jusqu’aux premiers siècles de l’époque romane, à des noms de personnes gaulois, latins ou germaniques pour former des noms de fermes devenant des localités plus ou moins importantes.
On peut raisonnablement penser qu’il en fut ainsi pour Meljac et retenir l’explication telle qu’elle figure dans www.meljac.net à la page http://www.meljac.net/SMN_Village.htm :
« Après ses victoires, Jules César récompensait les plus méritants de ses légionnaires en leur attribuant des territoires. Les terres qui correspondent à l'emplacement de Meljac constituaient une ferme gallo-romaine (ou villa). Cette ferme aurait été attribuée à un légionnaire romain dénommé Melius.
Avec le suffixe « ac » ou « acos » désignant les villas, le lieu fut appelé : Melius+acos -> Meliacos -> Meljac
Cliquez sur l'une des lettres ci-dessous (1ère lettre du nom recherché)
Y
Z
(LA) BARAQUE DE MARCILLAC :
Baraque, de l’espagnol « barraca », a désigné une construction en planches, une hutte de charbonnier ou les baraquements où l’on isolait les contagieux en période d’épidémie (issu de barro = boue, argile) ; se retrouve dans de nombreux noms de hameaux en Aveyron sous les formes « La Baraque, Baraque, Baraques » (Baraqueville a la même origine), suivi d’un déterminant comme dans La Baraque de Marcillac.
Le déterminant Marcillac est un nom occitan dont la finale «ac » renvoie à un nom de famille. Le radical « marc » signale en ce lieu l’existence d’un marais, d’une lagune (en vieux français « marchois ») ; à moins qu’il réfère à la personne qui y habita, un certain Marcus ou Marcilius ?
(LE) BATUT :
Plusieurs hypothèses s’affrontent quant à l’étymologie du Batut.
Le batut désignait à l’origine la partie du terrain où l’on bat. Par extension, le batut est un lieu défriché. Cette hypothèse est à rapprocher de celle qui rapporte le batut au mot abattu, faisant référence à l’abattage des arbres avant défrichement.
Certains étymologistes référent à l’occitan « batut » qui désigne le chemin aplani et désherbé et par extension la route pavée qui conduit au village. D’autres encore considèrent le batut comme un synonyme du «masuc» rouergat qui désigne une maison isolée (un buron, dans les régions de montagne), ce qui est bien la situation du Batut .
Nous laisserons le soin aux Meljacois du Batut de trancher entre chacune de ces hypothèses.
(LA) BESSIERE :
On retrouve dans La Bessière, «bès», le bouleau en occitan. La Bessière est très probablement à l’origine un lieu planté de bouleaux.
On trouve dans le Sud-Ouest en général et dans l’Aveyron en particulier, de nombreux lieux-dits portant ce nom (cf. dossier « Les noms de famille meljacois » le patronyme Bessière.).
(LA) BORIE :
De « boria » en gaulois comme en latin et en occitan, la Borie désigne une ferme, un domaine agricole souvent isolé ; c’est ainsi que nous nous trouvons à la Borie de Saint-Just, en haut de la descente de Campan qui nous conduira à Castelpers.
Au Moyen Âge, le mot borie était souvent employé au sens de métairie et désignait une tenure féodale travaillée par un métayer qui, à titre de loyer, versait la moitié des récoltes au propriétaire.
(LE) BOUYSSOU :
Le toponyme Bouyssou ou Bouissou est une forme méridionale du mot buisson au sens de l’ancien français « boisson » qui signifiait le petit bois, du latin « boscus ».
Le Bouyssou est ainsi probablement un lieu où poussaient des bois clairs et bas à forme de taillis qui furent défrichés pour laisser place à un hameau de paysans et à des champs cultivés.
CABROL :
D’origine prélatine, le mot « cabre » désigne le noisetier (cf. le coudre ou coudrier, ancienne appellation du noisetier) et Cabrol le lieu où poussent les noisetiers mais avec le temps le mot cabre a pu perdre son sens primitif et, par quasi-homonymie avec le mot latin « capra », la chèvre, Cabrol désignerait un lieu où paissent des chèvres.
Lieu où poussent les noisetiers ou lieu où paissent les chèvres ? On aura tendance à retenir la version noisetier dans la mesure où les animaux étant pour la plupart mobiles par nature, il est plus logique de caractériser un lieu par un élément fixe du paysage comme un arbre que par un animal.
La question reste néanmoins entière. Gageons que les habitants du lieu sauront y répondre…
(LE) CAP FOURQUET :
Le cap désigne d’abord la tête, le sommet, le haut et par extension, le bout, l’extrémité voire « ce qui est au-delà de ». Cap rentre dans nombre de mots composés où il correspond à un lieu situé « au-delà de » par rapport à un point de référence donné, ici le « Fourquet », diminutif de « fourque ».
La fourque, d’origine prélatine signifie le bois. Dans le Sud-Ouest, la fourque ou le fourc désigne plus précisément la chênaie. Des homonymes tels la fourche, outil agricole, la bifurcation ou le gibet peuvent compliquer l’explication.
On peut raisonnablement considérer que Cap Fourquet désigne l’extrémité d’un petit bois même s’il se trouve effectivement à la bifurcation de la départementale D63 qui conduit à Grascazes et du vicinal qui mène au Féraldesq.
Les habitants de Cap Fourquet sauront probablement nous le préciser.
(LES) CARRALS :
Du latin «carrus», char, le carral désigne par extension, le chemin pour les chars.
Las Carrals, sous Meljac est sur le chemin –aujourd’hui quelque peu encombré de broussailles- qui mène au moulin de Laval.
(LE) CLOT :
Du gaulois « clotton », le trou, la mare, interfère avec un autre mot gaulois dérivé « clota », grotte, creux de terrain, dépression et par extension le ravin, le petit vallon, le Clot désignerait un accident de terrain, un espace plat ou en creux au flanc d’une colline ou d’une montagne.
De nombreux noms de lieux-dits du Sud-Ouest tels que Les Crozes, Crouzels, Crouzettes, Cluzeaux ont cette même origine. A Meljac on peut citer Le Cluzel (cf. ci-dessous).
Certains toponymistes, minoritaires, trouvent dans ce « clot » l’origine de « clos » au sens de parcelle de terre entourée de haies ou de clôtures : La Clau en occitan, Le Clos-Vougeot en Bourgogne.
(LE) CLUZEL :
Du latin « clusellus », diminutif dérivé de « clusus », participe passé du verbe latin « cludere » signifiant fermer, Le Cluzel désigne une grotte, un souterrain ou un passage étroit au fond d’une vallée, un défilé.
Les lieux-dits portant ce nom ou ses variantes Cluse, Cluzeau, Clouzeau sont très répandus en Midi-Pyrénées et désignent des lieux où l’on trouve des grottes, souvent anciens souterrains-refuges utilisés par les populations locales lors de guerres ou d’invasions ou lieux de réunions et de culte notamment pour les Cathares.
On peut effectivement découvrir au Cluzel de Meljac, dans le pré sous la maison, l’étroite entrée d’un souterrain menant à une salle qu’il resterait à explorer.
On trouve ainsi de nombreux souterrains-refuges de ce type dans notre région notamment chez nos voisins Rullacois, à la Raffinie.
(LES) COMBETS :
Combets, diminutif de combe, issu du terme gaulois « cumba », les Combets désigne la pente d’une petite colline aboutissant à une petite vallée (le plus souvent sans ruisseau ni rivière). La « combe occitane » est l’équivalent du «vallon français» et l’opposé du «puech».
C’est bien ainsi que nous apparaît le hameau des Combets, après une courbe assez serrée, sur la départementale 63 qui vient de la Croix de l’Homme Mort, sur la gauche, et avant d’aborder la longue ligne droite qui mène à Grascazes.
Ce toponyme est des plus répandus, des Combets à Combarelles en passant par Comps –la-Grand-Ville, et a, par ailleurs, formé de nombreux patronymes de Combes à Lacombe en passant par Descombes.
(LE) FERALDESQ :
Le suffixe « esc » ou « esq » d’origine grecque et germanique fut ajouté au nom des personnes pour désigner l’appartenance ou l’origine du lieu-dit dont il s’agit.
Il en est ainsi pour le Féraldesq de Meljac ou pour le Martinesq (voir plus bas).
Le Féraldesq, de Féral, variante de Féraud, patronyme d’origine germanique formé de « fara » qui signifie «famille » et de « waldan », gouverner ; en quelque sorte, le chef de famille.
GINTOU :
Nous n’avons pas trouvé d’explications satisfaisantes quant à l’origine du nom Gintou, sauf à retenir le sens de genêt ou de terrains couverts de genêts divers.
Du latin « genista », issu du celtique « gen », « genest » en occitan, le buisson, on retiendra entre autres, Gineste, Ginesty, Ginestet et en diminutif, Gintou. Cette hypothèse reste à confirmer.
GRASCAZES :
Gras-cazes, du latin « crassus », épais, de grande taille et « casa », hutte puis maison rurale et enfin domaine, le nom de Grascazes évoque probablement un lieu où se trouvaient rassemblées des « grandes » maisons.
Rappelons que Grascazes portait le nom de « Grandes Cazes » dans des documents datés de 1598.
Le mot latin « casa » a donné naissance à des formes toponymiques variées dont Cazals, Cazaux (communes ou lieux-dits d’Ariège, des Hautes-Pyrénées, du Lot et du Tarn-et-Garonne). Grascazes comprend deux parties : Grascazes-Basses (qui comme son nom ne l’indique pas est située en haut) et Grascazes-Hautes (quant à elle, située en bas).
(LA) LAURENTIE :
Lieu où habita un certain Laurent ou Laurens, du latin « laurus », le laurier, qui a donné « laurentius », qui signifie « paré de la couronne de laurier » (cf. dossier « Les noms de famille meljacois »).
(LE) MARTINESQ :
Même construction que pour le toponyme précédent, Le Féraldesq.
Le Martinesq de Meljac est formé du patronyme Martin et du suffixe « esq ».
Martin, en occitan Marty, du latin « Martinus » est dérivé de Mars, dieu de la guerre.
Le patronyme Martin a connu une immense popularité au travers de l’histoire de ce centurion romain qui, croisant par un jour de très grand froid, un pauvre fort peu vêtu, partagea son manteau pour en couvrir ce malheureux (Saint-Martin, évêque de Tours qui évangélisa la Gaule au IVe siècle fut considéré par les populations médiévales comme le symbole de la victoire du christianisme sur les traditions païennes).
Martin est le premier des patronymes portés en France (Marty, le troisième des patronymes portés en Aveyron) ; il n’est pas surprenant qu’il s’en trouvât à Meljac, au Martinesq.
L’église de Meljac du relais paroissial Rulhac-St.Cirq-Meljac, depuis la nouvelle organisation mise en place en l’an 2000, appartient à une nouvelle entité « Saint-Martin du Céor » ; ainsi baptisée parce que jadis, un prieuré Saint-Martin fut installé sur les rives du Céor qui baigne cette nouvelle paroisse (voir à ce propos le dossier « paroisse » de www.meljac.net ).
(LE) MAS RICARD :
Le mas, terme très employé particulièrement en Languedoc et en Provence, désigne la propriété rurale héritière sans doute de la villa gallo-romaine. Il est, suivi d’un déterminant, à l’origine de nombreux lieux-dits.
Ici Ricard est le nom de la personne qui habite au Mas Ricard et/ou qui possède le mas.
Le patronyme Ricard quant à lui dérive d’un nom de baptême germanique composé de «ric» qui signifie puissant et de «hard », audacieux.
(LA) PIERRE BLANCHE :
Comme son nom l’indique, il s’agit de pierre blanche « La Peyre Blanque ». On demandera aux habitants de ce hameau meljacois, l’origine de cette appellation.
De nombreux villages et lieux-dits du Sud-Ouest portent le nom de « Pierre = Peyre » assorti d’un qualificatif.
Ainsi connaît-on par exemple, avec le même sens que « Pierre-Blanche », Peyraube, commune de Corrèze, Aubaspeyras, commune des Hautes-Pyrénées.
D’autres qualificatifs peuvent être donnés à « Pierre » tels que lade (large) dans Peyrelade, levade (levée) dans Peyrelevade, Hautepierre, Pierrefiche (pierre plantée ou fichée en terre = menhir).
(LE) POUGET :
Issu du latin « podium » qui désigne la colline, le puy et dont la forme plurielle latine « podia » désigne plus précisément la montée, faisant référence à des chemins tracés sur les hauteurs ou le long des lignes de crêtes, praticables en toute saison car sans franchissement de rivières. Diminutif de « pouge », le Pouget est un petit puy.
Podium s’est décliné en France, selon les régions, sous de nombreux vocables parmi lesquels, le Puy et sa variante régionale et particulièrement rouergate, le Puech (cf. ci-dessous), le Peuch, le Pied, le Pié, Puig.
(LE) PUECH :
Ainsi qu’indiqué ci-dessus, le terme Puech est une variante régionale du mot Puy qui désigne une colline (cf. par exemple, le Puy de Dôme, le Puech de Rouet). Sa racine latine « podium » est commune avec celle du Pouget.
Le terme Puech est souvent suivi d’un déterminant comme pour nos deux hameaux meljacois du Puech Issaly ou du Puech Nau.
(LE) PUECH ISSALY :
C’est le Puech d’Issaly, patronyme relativement fréquent chez nous puisqu’il figure au 418ème rang sur 20000 des noms portés en Aveyron. Cette forme de juxtaposition du complément de nom Issaly - probablement propriétaire et/ou habitant du lieu- et du nom Puech (sans la préposition de) est typique du Moyen Âge.
A noter que les anciens prononçaient « Puecharis » ce que l’on pourrait entendre comme «mont, puy aride ». Il est vrai que l’orthographe varie selon l’ancienneté des documents ou actes consultés : Puech Salis, Puech Issali, et plus récemment Puech Issaly.
Il reste que l’hypothèse la plus probable est qu’un certain Issaly ou Salis, noms usités dans la région, habita à « ce Puech », hameau qui prit son nom, de la même manière que pour le Mas Ricard (voir plus haut).
(LE) PUECH NAU :
C’est le Puech Neuf, à côté de la Laurentie, « neuf » pour le différencier des autres puechs et parce que plus récent, notamment que le Puech Issaly son voisin.
(LE) RIAL :
Juste après les Combets (voir ci-dessous), sur la droite de la départementale 63 qui va vers Grascazes, nous arrivons au Rial ; comme les Combets et la Laurentie, commune de Rullac –encore que la « grange neuve » se trouve sur la commune de Meljac- mais historiquement paroisse de Meljac.
Le Rial (ou Rigal), expression languedocienne qui vient du latin «rivellum», le ruisseau, diminutif de «rivus», le cours d’eau. On pense au ruisseau de Gintou qui coule en bas de la propriété Nespoulous, côté Mas Ricard.
SOULAGES :
Soulages est un toponyme très fréquent, notamment dans le sud de la France, dérivé du mot occitan-provençal « soulatge, solatge » et qui peut avoir des sens différents.
Au moins trois hypothèses s’affrontent effectivement quant à son origine :
du latin « solium », la boue, Soulages désigne un village bâti sur un terrain alluvionnaire ;
du latin «solum », terrain, sol, a donné soulatge également orthographié solatge, qui désigne une redevance sur les grains. Cette taxe, le « solatge », calculée sur le taux de fertilité du sol, renvoie à un village de Soulages historiquement construit sur une terre soumise au « droit de soulatge » ;
du latin «solaticum », désigne Soulages comme un endroit ensoleillé.
On laissera le soin aux Meljacois de Soulages de nous préciser l’hypothèse qu’ils ont retenue.
SUBRIGUE :
De l’occitan « soubro », signifiant « au-dessus de », « subre » s’est contracté en « su-brigue », sachant que « brigue », issu du gaulois « briga » signifiait mont, éminence de terrain : Subrigue, au-dessus du mont.
(LA) TAPIE :
Nom très répandu en France qui trouve son origine dans le terme occitan « tapia » et signifie mur de maison en terre (racine indo-européenne « tap » = argile). Les pierres du mur sont liées avec de la terre malaxée et mélangée à de la paille et du foin.
Par extension, le terme désignera les maisons en torchis par opposition aux cabanes de branchages.
(LA) TINE :
Du latin « tinus », le laurier, tin a ce même sens que l’on retrouve dans laurier-tin.
Le laurier-tin est encore appelé lauretin ou viorne-tin. On rencontre aussi l’orthographe « laurier-thym » ce qui est une erreur car cette plante n’a rien à voir avec le thym. Le laurier-tin est un arbrisseau de 2 à 3 mètres de haut, au port buissonnant, de forme générale arrondie, à feuilles persistantes de couleur vert foncé. Les fleurs du laurier-tin blanches ou légèrement rosées apparaissent en fin d'hiver et au début du printemps.
Faut-il en déduire que La Tine est un lieu-dit où poussait en abondance le laurier-tin ? C’est peu probable.
Sans doute vaut-il mieux s’orienter vers la tine, « la tina » en occitan, qui désigne la grande cuve à vendange (uno tinado de rosins = une cuve de raisins), cuve à fermentation du raisin. S’agit-il de la présence historique en cet endroit d’une « cuve » particulièrement réputée ou d’une référence au relief en forme de cuve (on eût pu dire une combe) du hameau de la Tine, au pied de la Parra et face à Soulages ?
(LA) TOURINIE :
Sans doute diminutif de « tour » mais la racine « tour » de Tourinie ouvre plusieurs hypothèses quant à son origine.
Nombre de villages et autres noms de lieux contiennent cette racine ; on pense par exemple à nos voisins de Centrès, la Tour et le Tourrel. Tour, du latin « turris », féminin, qui désigne à l’origine les tours de bois ou de pierre qui encadraient les camps romains ou les colombiers et pigeonniers.
Tour également mais du latin «tornus », masculin, qui dans ce cas désigne le tour du potier, du tourneur.
Tour encore, du latin «torus », masculin (a donné tore en vieux français ; taur en occitan), qui désigne la colline arrondie, le tertre, parfois confondu avec un homonyme qui signifie sorbier.
On trouve encore «torre » en vieux français qui désigne la source, la fontaine et qui a donné torrent en français.
Quelle hypothèse retenir face à une telle abondance ? Il restera à interroger les habitants de la Tourinie.
(LA) TREILLIE :
Du latin classique « trichila », la treille, qui signifie tonnelle, coin de verdure (sans référer particulièrement à la vigne), la Treillie est un lieu où l’on trouve des treilles.
On désignait par treilles, des vignes spécialement taillées en cordon dont les rameaux étaient liés par des brins d’osier à des échalas de chêne ou de châtaignier ; par opposition aux plantations de vignes moins élaborées, dites « en foule » où les sarments traînaient à terre, prenaient racines et étaient séparés de la souche mère pour constituer de nouveaux pieds de vignes.
On peut envisager un autre sens au mot «Treillie » en le rapprochant du mot «treuil», du latin « troculum » qui a donné en vieux français treil, troil, trouil, truel… autant de mots pour désigner le pressoir.
Au Moyen Âge, le pressoir avec le moulin et le four étaient des outils essentiels du monde rural que seul le seigneur d’un fief était en droit de posséder et pour l’utilisation desquels les paysans devaient payer. Est-ce à dire qu’il y eut un tel pressoir à la Treillie ?
(LE) VERGNAS :
Le toponyme Vergnas, du gaulois « verna, vernas », et probablement du préceltique « verre » qui désigne le vergne ou aulne. Il est admis que les Celtes avaient les plus grandes difficultés à prononcer le son « r r » et transformait ce son en « r n », d’où le passage de « verre à verne ».
Le Vergnas est un hameau qui s’est probablement créé dans une aulnaie, zone humide proche de points d’eau et donc propice à l’installation d’habitations. On sait par ailleurs que le vergne bénéficiait d’un statut spécial chez les Gaulois : il faisait partie des sept arbres du bosquet sacré des druides et symbolisait les éléments du feu et de l’eau.
Le vergne a généré de nombreux patronymes (voir à ce sujet, le dossier des noms de famille meljacois Vernhes, Alvernhe ).
60 microtoponymes Meljacois
MELJAC dans le détail de ses sections cadastrales, un exercice de « microtoponymie » meljacoise.
Nous avons exploré sur le site http://www.cadastre.gouv.fr/scpc/rechercherPlan.do 9 sections du cadastre à savoir, les sections AB, AC, AD, AE, AI, AK, AL, AM et AO.
Cliquez sur l'une des sections ci-dessous
Section AB
CANTO PERDRIX, CANTO PLOURO :
La base « cant » trouverait son origine dans la racine pré-indoeuropéenne « kant » qui signifie pierre de taille, mot dérivant de chantier, lieu où l’on taille la pierre (cf. Cantal, Chantilly), et n’aurait au départ aucun rapport avec le chant. La proximité du verbe dérivé du latin « cantare », chanter, expliquerait la prolifération de noms de formation plus récente à tonalité heureuse ou romantique intégrant le « chante ».
Il en est ainsi pour Canto Perdrix = Chante Perdrix ou pour Canto Plouro = Chante Pleure.
On trouve dans cette même logique de nombreux lieux-dits ainsi composés tels que : Cantaloube (chante louve), Cantarrane (du latin « rana », la grenouille) = chante grenouille, Cantalauze (du gaulois « alauda », alouette) = chante alouette, Cantegaline (du latin «gallina», la poule) = Chantepoule, Cantaoussel ou Cantauzel (chante oiseau).
LA BAYSSIERE :
Toponyme très fréquent au sud de la France sous cette forme, La Bayssière ou sous des variantes telles que Bayssède, Lavaysse, Vayssière, La Vaissière, a son origine dans le mot gaulois « vaissa », la noisette, en occitan « vaisse », le noisetier, le coudrier. Les lettres B et V, de prononciation très voisine ont été confondues et c’est ainsi que le mot gaulois «vaisseda», la coudraie, le champ de noisetiers, est passé de la forme La Vayssière à La Bayssière.
LA PLANE :
La Plane est un nom issu du latin « planum », espace plat, très répandu sous cette forme ou dans les variantes Plas, Plagne, Laplagne, Le Planet, Le Plot. Il désigne tout simplement une surface plane, plaine ou plateau.
Dans certaines régions comme l’Auvergne ou la Champagne, le mot « plane » désignait un érable ou un platane.
LA PORTALARIE :
Bande de terre au bord du Céor sous la Castagnal.
Le préfixe « port », du latin « porta », porte, désigne un endroit étroit par lequel on accède à un autre lieu. En montagne on parle de défilé ou de col.
Quant à la seconde partie du nom, « alarie », faut-il y voir le rappel du nom d’un propriétaire et/ou habitant de ces lieux ? Cela mériterait investigation complémentaire pour l’affirmer.
LE CASTAGNAL :
Du latin «castaneus» qui désignait tour à tour le fruit ou l’arbre ; en occitan « castanh » le châtaignier, Le Castagnal désigne en occitan la châtaigneraie. Le toponyme est très répandu sous cette forme Castagnal ou en de multiples variantes : Castan, La Castagne, Castagnès, Castanet, Castanières, La Châtaigneraie.
LE SUC :
Suc et ses dérivés Suca, Suquet, Sucal, Suchalon, forment des lieux-dits un peu partout et particulièrement dans le Massif Central et le Sud-Ouest. Le Suc désigne une hauteur, un petit puech.
LE PLO :
Comme la Plane (voir plus haut), le Plo est issu du latin «planum » et désigne une surface plane, un plateau ou une plaine, une sorte de palier sur une pente. Le Plo semble néanmoins s’adresser à une plus petite surface que la Plane.
LES PEYRUES :
Peyrues vient du latin «petra », pierre, roche, rocher. Les Peyrues peuvent désigner un terrain pierreux.
Section AC
LA CALDURE :
La Caldure est probablement une contraction de calade et de dure.
La calade, du latin « calata » (en occitan, calada) désigne la route pavée. L’adjectif dur qualifie la route pavée en question.
Selon une autre hypothèse, Caldure serait issu de l’adjectif latin « calidus » qui signifie chaud. La Caldure qualifierait alors la terre ainsi nommée.
Quelle hypothèse retenir ?
LA CARRALETTE :
Carralette constitue un diminutif de Carrals (voir plus haut : las Carrals), du latin « carrus », le char et par extension le chemin des chars.
LA PALE :
D’origine préceltique, la Pale désigne une hauteur rocheuse, préfixe que l’on retrouve dans des noms de montagnes tels que le mont Pelvoux ou le col de Pal. La ville de Pau aurait cette même origine.
LA PRADARIE :
Du latin « pratum », la prairie, le pré, pradarie n’est qu’une des déclinaisons de prade ou pradel (voir notamment Pradels en section AE et Pradèles en section AO)
LE SIBADAL :
On reconnaît derrière ce toponyme, la cibade, du latin « cibare », donner à manger, a d’abord signifié nourriture puis aliments puis céréales pour animaux ; le terme occitan désigne selon les régions, l’orge ou l’avoine.
Certains sols étaient spécialisés dans certaines cultures qui leur convenaient mieux. Cette spécialisation se retrouve dans les noms de lieux tels que le Sibadal mais aussi le Fromental, terre à froment, le Ségala, Ségalar, Sigalet, terre à seigle.
LE SIGALET :
Le Sigalet a désigné (voir ci-dessus Le Sibadal ) probablement une terre qui fut « spécialisée » dans la culture du seigle.
LE TERRAL :
A l’inverse des champs « spécialisés » dans la culture de telle ou telle céréale, blé, seigle, avoine ou orge, les champs à cultures variées s’appellent lo camp, la pessa , la terra ou le Terral (on prononce aussi, le Tarral).
SECTION AD
LA FAGE :
Du latin « fagus », le hêtre, « fagea », la hêtraie, La Fage désigne un lieu planté de hêtres.
LA PARRA :
En vieux français « parre » signifiait treille; il reste utilisé sous la forme « parra » avec ce même sens, en espagnol et en catalan. La Parra désigne dans certains parlers occitans le petit jardin attenant à la maison.
LE COUSTAL :
La « coste», du latin « costa », forme primitive de côte, montée, pente, versant, est très présente dans les noms de lieux (on pense par exemple à la Coste de Centrès près de Lestrébaldie). Ses variantes sont nombreuses telles que Costat, Coustat, Coustel, Costasse, Coustalou, Coustal, et désignent toutes, avec plus ou moins de nuances, des pentes.
LES COMBETTES :
Voir plus haut, le hameau dit « les Combets » et plus bas, en section AI et AK, « la Combe ». Combettes est une forme diminutive de Combes et désigne des petites vallées.
SECTION AE
CAMPEYRE :
Formé de camp, du latin « campus », la plaine, le champ, et de « peyre », la pierre (voir plus haut, les Peyrues), l’ensemble Campeyre désigne un champ pierreux. En toponymie, Campeyre a parfois été utilisé pour désigner des ruines ou des murs de pierres écroulées.
CASTANIERES :
Voir plus haut, Le Castagnal. Castanières est une variante de Castagnal et une autre manière de désigner la châtaigneraie.
LE BOUTY :
Le Bouty ou Botty, dérivé du vieux français « botte », pourrait désigner un petit bois : c’est l’hypothèse la plus vraissemblable.
Un homonyme désigne une mare, un lieu recueillant de l’eau. Bouty peut aussi référer au mot ancien « bot » dont il serait tout comme « Boutin», le diminutif ; issu du germanique « butta » qui signifie court, tronqué, contrefait.
On peut enfin aussi penser au « botin » rouergat qui désigne le seau à traire les brebis ?
L’origine du nom de lieu Le Bouty sous Meljac mériterait d’être précisée.
LE CAMP GRAND :
Formé de camp, du latin « campus », la plaine, le champ, et de grand, du latin «grandis », désigne comme son nom l’indique une grande plaine, un grand champ.
LE GRIFFOULAS :
Du latin classique « acrifolium », en mot à mot, « feuille pointue », «l’agrefol ou lo grefol » est le houx, plus connu chez nous sous le terme « griffoul ». Le suffixe « as » porte une connotation péjorative. A l’origine, le Griffoulas est probablement une terre envahie de houx.
LE REY :
Rey qui signifie roi est un patronyme fréquent dans le sud de la France donné à l’origine comme sobriquet à des personnes se donnant une allure de roi. On peut penser que le toponyme Le Rey désigne une terre ayant appartenu et/ou, où vivait un « rey ».
PRADELS :
Du latin « pratum », la prairie, le pré, le « prat »en occitan, la prade et ses variantes que l’on trouve sous différentes formes, entre autres dans les sections cadastrales meljacoises : le Pradel , le Pradal, la Pradarie, la Pradelle, les Pradèles.
De nombreux toponymes sont nés de ce « pratum » dont les noms composés avec Prade tels que Prades d’Aubrac, Prades de Salars, Pradinas.
SECTION AI
FOULZERADE :
Du latin « filix », fougère, a été déclinée « filicaria », le champ de fougères, la fougeraie. C’est très probablement l’origine et le sens de Foulzerade, version occitane du même mot.
Ce toponyme est très répandu en France, sous de nombreuses variantes telles que : Faugères, Falgayrolles, Falguières.
LA BASTIDE :
La Bastide est un nom de lieu très fréquent dans le sud de la France : il était bien normal que Meljac eût la sienne !
Du latin « batista » qui nomme au départ une maison fortifiée, le sens évoluera pour désigner, à partir des XIIIème et XIVème siècles, des petites villes franches. Un nom leur est alors associé, se référant au lieu dans lequel elles se situent ou à celui qui procéda à leur fondation. On citera parmi d’autres, La Bastide-l’Evêque dans l’Aveyron, Labastide-de-Lévis et Labastide-Rouairoux, dans le Tarn, Labastide-Murat dans le Lot, Labastide-Saint-Sernin en Haute-Garonne.
On a souvent donné le nom de bastide à des fermes isolées, parfois fortifiées, telle que La Bastide de Meljac.
LA BROCARIE :
Du latin « brucus », dérivé du gaulois « brucos » qui désignait le buisson et parfois la bruyère, notamment dans le sud de la France. On retrouve cette même origine dans Brousse-le-Château et dans Brusque.
La Brocarie serait à l’origine un lieu « planté » de bruyères et de buissons.
LA COMBE :
On voit bien que ce toponyme est très répandu (voir plus haut, le hameau Les Combets, en section AD les Combettes et, en section AK, le même toponyme La Combe qu’en section AI), indépendamment du fait qu’il donna naissance à de nombreux patronymes (voir le dossier des noms de famille meljacois ).
LA PRADELLE :
Encore un toponyme fort répandu dans nos régions, sous cette forme ou sous ses variantes ne serait-ce que meljacoises: voir en section AC, la Praderie, en section AE, Pradels, en section AO, Pradèles .
La pradelle est un diminutif issu du latin « pratella », le petit pré.
LA VERNIERE :
De la même origine que Le Vergnas (voir plus-haut en 1ère partie, Meljac et ses hameaux), La Vernière est un lieu planté de vergnes ou aulnes, une aulnaie.
Le toponyme est très répandu sous cette forme ou sous des variantes : Les Vernhes, La Vernhe, Lavergne, Le Vern, Vernet, Verneuil (sachant que le groupe occitan NH correspond au français GN). Il a donné par ailleurs, les patronymes Alvergne, Vernhes ( voir le dossier des noms de famille meljacois).
LE RIOU :
Du latin «rivus», la rivière, riou ou riu, a donné naissance à de nombreux toponymes le plus souvent noms composés : Rieusec, Riotort (tortueux), Riofroid, Rioumalou(dangereux), Rieupeyroux (au lit pierreux), voir aussi plus haut le Rial.
ROQUECAVE :
Composé de Roque, du latin « roca », roc, rocher, et de cave, du latin « cava », cavité, grotte, fossé, Roquecave, lieu-dit situé sous le Puech Issaly, au-dessus et proche du Céor, porte bien son nom, pour ceux qui le connaissent. L’accès en est particulièrement difficile et fort pentu. Parsemé de nombreux rochers, on y trouve notamment une « grotte », cavité de bonne dimension dont on dit qu’elle aurait servi durant la dernière guerre à y cacher du grain pour le faire échapper aux réquisitions.
SECTION AK
LA BOULE :
Le mot Boule est issu du gaulois « betu » et du latin « betulla ». On peut penser que le lieu-dit la Boule fut planté de bouleaux, la boulaie. En botanique, les arbres de la famille du bouleau sont classés « bétulacées ».
Une autre hypothèse tout aussi vraissemblable ne peut être rejetée quand on connaît la topographie. La Boule pourrait être issue d’un terme préceltique « bol » (qui aurait donné en occitan la « bola » ou borne, limite), désignant une hauteur arrondie qui fait limite. Alors, la Boule, boulaie ou borne ?
LA POMAYRASSE :
Du latin « poma », a gardé longtemps le sens général d’arbre fruitier avant de désigner spécifiquement le pommier. La pomayrasse est, comme la pomarède, un lieu planté de pommiers. A noter que le suffixe asse a, en occitan, une résonance péjorative.
LA COMBE :
Voir en sections AD, AI, AM, et dans la 1ère partie, «Meljac et ses hameaux », La Combe, Les Combettes, Les Combets.
LE BOSC :
Le Bosc vient du latin « boscus », du gaulois « bosco », du germanique « bosk », le bois.
De très nombreux lieux-dits sont formés sur « bosc » tels que : Bosquet, Bousquet, Bouscat, Bois-Redon (bois rond), Cap de Bosc (limite du bois).
(voir le dossier des noms de famille meljacois ).
LISSARD :
Du latin «exsartum», terre défrichée qui donna « issart » ou « eissart » en occitan, un essart est une bande de terre défrichée souvent au milieu d’un bois.
Ce toponyme semble assez peu répandu dans nos régions. On peut néanmoins citer quelques lieux-dits tels que Echarts en Ariège, L’Issard et Issert dans l’Hérault et Lissard à Meljac.
LE SALES :
Du latin « salix », le saule, et par extension la saulaise ou saussaie, le nom de lieu « Le Sales » et ses variantes Salesse, La Salesse, les Salesses, désignent des lieux historiquement plantés de saules, des endroits humides où peuvent pousser les saules et les peupliers.
La racine latine de Sales, « salix » se retrouve dans le mot « salicacée », nom donné par les botanistes aux arbres de la famille du saule et du peuplier, ainsi que dans le nom de l’acide acétylsalicylique (l’aspirine), l’écorce de saule ayant la propriété de guérir les maux de tête (voir aussi le dossier des noms de famille meljacois, le patronyme Saussol).
SECTION AL
CAMP DE LA CROUZE :
Le camp, c’est le champ, la plaine, ainsi qu’on l’a vu plus haut, en section AE pour Le Camp Grand. La crouze : s’agit-il du creux, de la dépression de terrain, du latin « crossus », creux (voir plus haut, en 1ère partie, Meljac et ses hameaux, le Clot et le Cluzel) ou de la croix, du latin « crux » (sachant que la « crouzade » désignait en occitan une croisée au sens de l’intersection de quatre chemins en forme de croix) ?
On retiendrait plus volontiers la seconde hypothèse, « le champ des croix » compte tenu de la proximité du cimetière… proximité relativement récente néanmoins, puisque le cimetière qui se trouvait autour de l’ancienne église a été déplacé lors de la reconstruction de l’église en 1901.
De fait, les deux hypothèses ne sont pas vraiment antinomiques dans la mesure où « cros », du gaulois « crosa », désigne le cimetière et également le creux.
Reste à interroger les services du cadastre ou les propriétaires de parcelles au Camp de la Crouze pour savoir le sens qu’ils donnent à ce toponyme ?
LA POUNCHE :
Pounche, pouch, pouge, poudge, poutge, puch, puech, pouget, puig, autant de mots dans les différents dialectes occitans pour dire le puy, du latin « podium » pour désigner la colline, la hauteur, le coteau (voir plus haut, en 1ère partie, Meljac et ses hameaux, le Pouget et le Puech). Les chemins jalonnés de lieux-dits « pounche » (ou de noms composés avec pounche, pouge, poudge) correspondent généralement à d’anciens chemins de crête provenant de très vieux itinéraires (voies romaines, chemins de pèlerinage tel Saint-Jacques de Compostelle).
LES POUZES :
Pouze, pui, pouts, poux, pots, puts, potz, du latin « puteus », désignent le trou, le puits.
LAROQUE :
Laroque est une agglutination de l’article et du nom. Ce toponyme très commun en France est bâti sur le terme gaulois « rocca », le roc, le rocher.
En plus de ce sens premier, la roque a désigné en toponymie un promontoire rocheux sur lequel on a construit un ouvrage fortifié protégeant une position stratégique tels que lieu de passage, croisement de chemins, passage de rivière. On pense naturellement à la chapelle du Roc au-dessus de Castelpers, au croisement du Céor et du Giffou, de la D10 et de la D532.
LE PUECH MAUREL :
Toponyme composé de Puech (voir plus haut le Puech Issaly ou le Puech Nau), et de Maurel ; le Puech Maurel est un lieu-dit élevé de type puy, colline, appartenant à (ou habité par) un certain Maurel (voir dans le dossier des patronymes meljacois, le nom de famille Maurel à Soulages).
LE PUECH MEGIE :
Toponyme également composé, comme « les Puech » Issaly, Nau, Maurel d’un déterminant précisant l’origine ou l’appartenance du lieu (voir plus haut pour le Puech).
Megié pourrait être dérivé du vieux français « mèze » (on trouve aussi : miège, méjan) lui-même issu du latin « medius » ou « medianus », qui est au milieu. On pense naturellement au Causse Méjean qui doit son nom, à la position centrale qu'il occupe, entre le causse de Sauveterre au nord, et le causse Noir au sud.
Alors, le Puech Mégié, « au milieu de quoi» ?
SECTION AM
BRANTOUL :
Dérivé diminutif de « brande » qui signifie bruyère, broussaille, du germanique « brand », brandon, tison.
On peut imaginer que Brantoul est une terre initialement défrichée par le feu de ses bruyères, pour y installer des cultures dites « sur brûlis ».
FERMI :
Fermi désigne un domaine agricole dont l’exploitant doit au propriétaire une rente « ferme » (fermage), c’est-à- dire, fixe, quelle que soit la récolte, bonne ou mauvaise. Vient de l’adjectif latin « firmus », solide, résistant.
FONTANELLES :
Du latin « fons», la fontaine ou la source ,le toponyme Fontanelles vient plus précisément de la forme diminutive «fontanila », les petites sources, et évoque un terrain où l’eau sort de terre par nombre de petites veines.
LA BARTHE :
La « Barthe » désigne un buisson d’épineux, un bosquet, des ronciers, qui renvoie à l’occitan « bartas », lui-même issu du gaulois « barto ».On peut aussi situer son origine dans l’occitan « bard », limon, terre à torchis, terre d’alluvions dont sont constituées les prairies humides en bord de ruisseau.
Globalement, la barthe et le barthas désignent un lieu humide au bord d’un ruisseau couvert de broussailles, de ronces et de genêts.
Ce toponyme a donné naissance à son homonyme, le patronyme Barthes (voir le dossier des noms de famille meljacois ).
LA COMBETTE :
Voir plus-haut « Les Combettes » en section AD.
LE BOURNHOU :
Du latin « borna », la source, qui a donné en vieux français « bornu », creux, trou d’eau, le bournhou est un diminutif de bourne qui désigne un petit trou dans la terre ou dans un rocher d’où jaillit une source.
On retrouve cette origine dans Bournazel, francisation de « Bornacellum », petite source, du latin « borna », la source, auquel on a ajouté le suffixe diminutif « acellum ».
LE SAUT :
A l’origine du Saut, le mot latin « saltus » désigne un lieu de bois et de pacages.
La confusion est fréquente avec son homonyme au sens de « bond », également homonyme en latin.
VERGNOLS :
Encore un dérivé du vergne, variante de Vergnas (voir plus-haut en 1ère partie), Vergnols est, comme le Vergnas, une terre plantée d’aulnes.
SECTION AO
LA DEVINIE :
Du latin « divinus », divin. S’agirait-il d’un lieu sacré, à caractère divin ? Il arrivait qu’en occitan on donne à la source le nom de Dieu ; appellation mystique de la source pour signifier que l’eau est, comme Dieu, source de vie. Cette hypothèse méritera d’être validée.
LE GARRIGUET :
Le Garriguet est un diminutif de garrigue, lande pauvre et rocailleuse où ne poussent que des arbres rabougris, des « garrics » ou chênes verts.
LES PRADELES :
Voir plus haut, La Pradarie en section AC, Pradels en section AE, La Pradelle en section AI.
Ce sont ainsi 90 noms de lieux – trente hameaux et soixante lieux dits - plus ou moins familiers dont nous vous avons invités à approfondir le sens et l’origine en nous suivant dans cette promenade meljacoise.
A l’issue de cette promenade dans les hameaux et sur les terres meljacoises, où nous aurons croisé tant de noms de lieux, bien des questions restent en suspens, des hypothèses à confirmer ou à infirmer, des explications à préciser, voire des erreurs à corriger.
Les livres, encyclopédies et autres dictionnaires ne nous en diront pas d’avantage et c’est la mémoire collective meljacoise qu’il nous faudra désormais interroger pour en savoir plus.
Quoiqu’il en soit de leur origine et de leur signification, les noms de lieux, tout comme les noms de personnes ont un rôle social majeur. Eléments constitutifs de notre identité, ils aident dans nos sociétés humaines à se reconnaître et à mieux communiquer.
Cet « essai de toponymie meljacoise » est bien imparfait et incomplet : il s’est voulu prudent et n’a pas hésité à afficher ses incertitudes.
Puisse-t-il avoir donné au lecteur l’envie d’aller plus loin dans la connaissance de cet espace de notre « patrimoine » que sont les noms de lieux de notre village.
« … Après des siècles et des siècles, le savant qui étudie dans une région lointaine la toponymie, les coutumes des habitants, pourra saisir encore en elles telle légende bien antérieure au christianisme… » (Marcel PROUST, A la recherche du temps perdu).
SOURCES :
- La tradition orale « meljacoise et alentours »
- Monographie meljacoise d’Edmond Azam – éditions 1971 & 1974
- Les noms de lieux de l’Aveyron de Jean-Marie Cassagne & Mariola Korsak aux éditions Sud-Ouest
- Toponymie des pays occitans de Brigitte Boyrie-Fénié & Jean-Jacques Fénié aux éditions du Sud-Ouest
- Les noms du monde entier d’Eugène Vroonen – Archives & Culture, 2001
– L’invention de la France d’Hervé Le Bras & Emmanuel Todd - Poche Pluriel 1981
- Dictionnaire Occitan-Français de Louis Alibert – éditions Institut d’Etudes Occitanes
- Dictionnaire des noms de famile et noms de lieux du Midi de la France de Jacques Astorg – éditions du Beffroi
- Dictionnaire Patois-Français d’Aimé Vayssier –éditions Jeanne Lafitte
- Des sites internet dont :
http://causses-cevennes.com/histoire/toponymes.htm
http://www.panoccitan.org/diccionari.aspx?diccion=gent&lenga=oc
http://fr.wikipedia.org/wiki/Toponymie
http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
http://education.ign.fr/55/encyclopedie/comprendre-la-toponymie.htm
http://www.meljac.net
Toponymes et microtoponymes Meljacois, extraits du livre « Meljac 2012 La Mémoire de Demain » pages 97 à 117.
Achevé d’imprimer le 20 septembre 2013 – ISBN 978-2-9546019-0-8
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